Mythes et appropriations du séparatisme

L’origine du nom Jura

Géographiquement le jura est une des trois composantes de notre topographie nationale. Il s’étend du Hauenstein jusqu’en France à l’ouest. Les habitants de l’ensemble de l’arc peuvent se revendiquer jurassiens, qu’ils soient de Ste-Croix ou d’ailleurs ils le sont de fait autant que ceux qui vivent en cette Ajoie si aimée de certains présentateurs de la météo.

Ce sont les autorités bernoises, qui après la réunion en 1815., l’ont dénommé Jura. Au moment de la réunion, la région avait été tour à tour désignée en tant que Pays/principauté de Porrentruy ou encore de ci-devant Evêché de Bâle. Initialement pour les Bernois elle était le Leberberg (du vieux haut-allemand Lewer, petite colline). C’est par simplification que le gouvernement cantonal nomma Jura l’ensemble de ce nouvel arrondissement. C’est dire combien son appropriation par le canton éponyme n’est aucunement justifiée puisque, même après le rapt de Moutier, il ne recouvre pas l’entier du Jura bernois de 1815. Pourtant personne n’a jugé utile de le contester.

Le Jura historique

Il est régulièrement fait mention d’un Jura historique. Cette notion ne repose que sur une petite réalité. L’ancienne principauté épiscopale, toute millénaire qu’on l’affirme, n’était qu’un agglomérat de petites seigneuries et domaines religieux datant du Moyen-Âge. Elles jouissaient de franchises et libertés différentes les unes des autres. Celles de Moutier Grandval, d’Erguël et de la Montagne de Diesse étaient en plus liées à Berne et à Bienne par différentes combourgeoisies. Ce n’est qu’à partir de 1815 que la région eut une organisation commune au sein du Jura bernois des sept districts. La notion de Jura historique si souvent utilisée ne couvre donc qu’une période bien trop courte pour la qualifier d’historique.

L’emblème du Jura, sa constitution et son hymne

Le mouvement indépendantiste s’étant emparé de cet emblème, il a été repris par le canton. Or, lors de sa conception cette représentation héraldique du Jura bernois des sept districts réalisée entre 1947/48 devait convenir au nord et au sud. Par simple correction historique à défaut de correction politique, le canton du Jura devrait remanier son pavillon et renoncer à quatre bandes.

Les ayants droit du canton devant se prononcer sur l’abrogation des articles litigieux de leur constitution, ils pourraient décider dans la foulée d’adapter les couleurs cantonales. Et pour faire bonne mesure, ils profiteraient de retirer de leur hymne cantonal les paroles revendicatrices sur notre territoire. Alors et alors seulement nous aurons la certitude qu’ils ont enfin décidé de vivre en paix avec leurs cousins du sud.

Le moment serait d’autant plus propice qu’une ancienne ministre ambitionne d’entrer au Conseil fédéral. Comment oser l’envisager alors que la charte fondamentale de son canton, son emblème et son hymne cantonal sont en contradiction avec le droit fédéral ?

Mais jusque-là, Jura bernois, garde-toi de toute illusion.

Pierre-Alain Némitz, Bévilard

28 novembre 2022